De temps en temps Marie-Clotilde Bastide nous donne des nouvelles de son quartier, de Ouagadougou, du Burkina Faso. Et sous notre ciel gris d’ici nous recevons quelques images qui me semblent lointaines. Pas de cet éloignement géographique, non, loin devant ou loin derrière. Ce serait une histoire de temps. Une obligation de réveil, retrouver la mémoire de sensations, de rêves passés ou seulement les oublier et espérer ? Aucune nostalgie pas même l’envie de fuir ce ciel gris, mais plutôt envie de fusionner avec les espoirs de ceux qui sont dans un mouvement (le leur) à côté du mouvement (qui écrase). Il s’agirait de négatif et de positif, mais jamais l’un sans l’autre pour ne jamais subir le positif des gens de pouvoir ou de ceux qui ne doutent jamais.
F.M.
Le 28 novembre 2021
Un gouvernement en faillite et en pleine crise autoritaire, c’est ça qui s’est passé. Coupure de réseau internet pendant une semaine pour calmer, empêcher la colère d’un peuple qui en a marre de pleurer ses morts. Le Burkina est occupé, l’armée corrompue à tellement haut niveau que les ravitaillements et les soldes des soldats se battant contre le terrorisme ne leur arrivent pas. Alors, ils meurent, le ventre vide. Le Burkina n’est plus que quelques villes. Remplis de réfugiés qui quittent leurs villages occupés ou bien qui fuient la sécheresse.
Le Burkina est en train de crever et personne n’en parle. Et pourtant ici, aussi paradoxal que cela soit, il existe une jeunesse qui lutte pour vivre chaque jour, pour créer, pour penser. Et ça bouge dans Ouaga , quasi encerclé, ça bouge de vie.
Après ces journées de grosse crise où le pouvoir a tremblé, j’ignore si quelque chose a changé. Mais il est grand temps de sortir du silence. Le Burkina est occupé et des régions entières sont soumises à la terreur. Dans les villages exsangues, plus d’écoles, plus de soins. Juste des corps voiles, des récoltes pillées, des morts et des fugitifs.
Voilà, c’est peu dire. Mais après une semaine où le pouvoir a cru bon de faire taire les questions de tout un peuple, parfois maladroites, toujours douloureuses, il est grand temps de dire qu’ici, on meurt en toute indifférence mondiale.
Marie-Clotilde Bastide